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Les conséquences de l’IVG sur la fratrie

Mise à jour : 25/06/2025        Temps de lecture : 3 min

Conséquences de l’IVG sur la fratrie

Françoise Lefèvre, consultante psychologique, évoque ici les conséquences de l’IVG sur une fratrie. Si le lien ne semble pas évident au premier abord, la praticienne a pourtant mis en valeur une relation entre un avortement subi par la mère et des troubles chez les autres enfants.

“Au fil de mes consultations, j’ai pu approfondir le syndrome post-IVG et particulièrement les conséquences sur la fratrie. En effet, si on parle plus souvent de ce syndrome chez la femme ayant subi un avortement, on parle moins de ce syndrome dans la fratrie ‒ que les enfants soient nés avant ou après l’interruption de la grossesse, ce que l’on appelle aussi le syndrome du survivant.”


Le syndrome du survivant

Mais qu’est-ce qu’un « survivant » ? : « C’est une personne qui n’est pas morte alors qu’elle avait plus de risques de mourir que de survivre ». Or, si tout le monde admet aujourd’hui la notion de survivant de guerre, d’attentat, d’accident ou de catastrophe naturelle, la notion de « survivant de l’avortement » est niée ou méconnue. Bien évidemment, il n’existe aucune cellule de soutien psychologique comme celles que l’on met en place lors d’un attentat ou d’un autre événement tragique.


En cas d’IVG, le syndrome du survivant est encore plus marqué que dans d’autres situations

Pourtant, l’association canadienne U2RDP (affiliée à l’International Hope Alive Counselors Association, IHACA) insiste sur la différence avec les autres « survivants » : « Le survivant d’avortement a ceci de particulier que le danger vient non de l’extérieur mais de ceux qui devraient le protéger le plus », il a donc un poids supplémentaire à surmonter et il paraît évident que des conflits supplémentaires surviendront par la suite. D’ailleurs, Jacques van Rillaer, professeur émérite de psychologie à l’université de Louvain, dit bien que « des souffrances qui résultent d’une action humaine volontaire sont, en général, davantage traumatisantes que celles qui résultent d’une catastrophe naturelle ».


D’autres auteurs se sont penchés sur la question :

De nombreux exemples témoignent de cette réalité du syndrome du survivant :

1. L’IVG ressort dans l’inconscient du frère :

Françoise Dolto, pédiatre et psychanalyste, évoque dans son livre Sexualité féminine : libido, érotisme, frigidité [1] une situation qu’elle a vécue dans son cabinet : Georges, 7 ans, s’oppose à tout, fait des cauchemars et dessine des symboles évoquant la mère et la mort. La mère n’avait jamais dit à personne qu’elle avait avorté, et l’enfant l’a deviné. Georges le dit à Françoise Dolto en consultation : « Non, elle l’a tué. Il voulait vivre. Elle l’a tué ». Cela peut paraître choquant, et pourtant cette intuition de l’enfant d’un événement passé dans le ventre de sa mère, où il a séjourné lui-même neuf mois, peut s’expliquer sur un plan biologique et psychique.

2. Un homme d’une cinquantaine d’années profondément marqué par l’IVG de son frère : 

Le Docteur Benoît Bayle dans son article « Conception humaine et troubles de la personnalité » (consultable sur www.carnetpsy.com) témoigne du cas de Monsieur V., âgé d’une cinquantaine d’années, venu consulter pour un syndrome dépressif réactionnel au décès de son frère. Cet homme parle dès le premier entretien de la série d’avortements provoqués avant sa naissance. « Ma mère a réussi à faire passer les autres, mais pas moi », rapporte-t-il. Et ce patient d’exprimer dans de multiples registres son sentiment permanent d’être condamné à survivre. Il ne supporte pas de survivre à ses deux frères, tous les deux disparus. Il raconte également qu’il a la peau dure, puisqu’il a fait huit états de mal asthmatique ayant nécessité des séjours prolongés en réanimation. Il explique aussi qu’il s’est toujours considéré comme « quelqu’un d’à part », d’exceptionnel, au-dessus des autres. Il entreprend des calculs à partir des âges de ses frères, selon lesquels il vivra très vieux, « jusqu’à quatre-vingt-seize ans », malgré sa maladie, comme s’il était capable d’être immortel. Sa demande insistante de psychothérapie attire l’attention : il voudrait trouver un sens à sa vie, afin de vivre plutôt que de « survivre ».

3. Le bébé peut-il percevoir la volonté d’avorter de la mère ?

Thomas Verny, psychanalyste, dans son livre La vie secrète de l’enfant avant sa naissance[2], cite une affaire traitée par un obstétricien en Scandinavie. Après avoir accouché d’un enfant normal à terme, il a remarqué que le bébé ne s’était pas nourri au sein de la mère. Intrigué par ce comportement inhabituel, il a porté le bébé à une autre mère allaitante qui a accepté de mettre l’enfant au sein. Étonnamment, l’enfant a répondu par l’allaitement vigoureusement. De retour auprès de la mère de l’enfant, il lui a demandé si quelque chose de traumatique s’était produit pendant la grossesse. Elle lui a dit qu’elle n’avait pas voulu continuer la grossesse et avait, en fait, prévu d’avoir un avortement. Cependant, son mari s’y est opposé et l’a convaincue de poursuivre sa grossesse. Thomas Verny a conclu que l’enfant a connu un rejet maternel in utero, d’où son comportement par rapport à l’allaitement.

 

Références : 

[1] : Scarabée & Co/A.M. Métailié Éditeur, 1982.

[2] : Grasset, 1991.

 

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