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IVG et troubles psychologiques : que disent les études ?

Mise à jour : 29/01/2024       

L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est un sujet sensible, souvent passionnel. Nous vous proposons ici de l’aborder à travers le regard des études scientifiques pour apporter des éléments rationnels au débat.

Dans cet article, le Pr René Ecochard, spécialiste au CHU de Lyon, propose une synthèse approfondie des études scientifiques explorant les conséquences psychologiques de l’IVG. Basée sur plus de 180 publications, cette analyse met en lumière la fréquence, la gravité et les contextes des troubles psychologiques post-IVG, tout en expliquant pourquoi il est complexe d’établir un lien de cause à effet direct.


IVG et troubles psychologiques : quels liens ?

De nombreuses femmes rapportent des souffrances psychologiques après une IVG, parfois accompagnées de troubles graves comme la dépression, l’anxiété ou des idées suicidaires. Cependant, prouver que l’IVG est la cause directe de ces troubles est scientifiquement difficile. Pourquoi ? La science ne peut pas toujours isoler une cause unique dans des contextes de vie complexes. Cela ne signifie pas que ces souffrances doivent être ignorées. Les témoignages de femmes, disponibles sur des plateformes comme postivg.org , soulignent l’ampleur de ces difficultés, qui méritent une écoute attentive de la part du corps médical, des pouvoirs publics et de la société.

Cet article explore les données scientifiques pour mieux comprendre :

  • La fréquence et la gravité des troubles psychologiques post-IVG.
  • Les situations où ces troubles sont plus fréquents.
  • Les limites des études scientifiques sur ce sujet.

Pourquoi cette synthèse scientifique ?

Face à un nombre croissant d’appels à l’aide de femmes après un avortement, des organismes d’écoute ont sollicité une analyse rigoureuse de la littérature scientifique. Le laboratoire du Pr Ecochard a examiné 184 articles, dont 78 ont été analysés en détail. Ces travaux, disponibles sur postivg.org , forment la base de cette synthèse, qui vise à informer objectivement sur les séquelles psychologiques de l’IVG.


Que dit la science ?

Plus de 180 études sur les séquelles psychologiques

En interrogeant la base de données de la U.S. National Library of Medicine , les mots-clés « induced abortion psychological », 2043 publications ont été recensées, dont plus de 180 traitent des troubles psychologiques post-IVG. Parmi elles, 78 études clés, souvent utilisées dans des méta-analyses, ont été analysées pour identifier les tendances suivantes :

Les troubles psychologiques identifiés

Les études mentionnent une large gamme de troubles, par ordre de fréquence :

  • Consultations pour divers troubles (48 articles).
  • Dépression (29 articles).
  • Anxiété (21 articles).
  • Suicide, idées suicidaires ou automutilation (19 articles).
  • Abus d’alcool ou de drogues (19 articles).
  • Faible estime de soi, détresse, stress, culpabilité, et autres troubles (moins fréquemment cités).

Quelques études (6 articles) rapportent des sentiments positifs comme le soulagement ou la satisfaction après une IVG, mais ces cas sont moins fréquents.

Deux études emblématiques

Pour illustrer les débats scientifiques, deux articles majeurs sont examinés :

  1. Rapport de l’American Psychological Association (APA, 2006) : Ce groupe de travail conclut qu’il n’existe pas de preuve formelle que l’IVG cause directement les troubles psychologiques. Cependant, il reconnaît leur fréquence et identifie des facteurs de risque, comme le manque de soutien social ou des antécédents psychologiques.
  2. Étude de Coleman (2011) : Analysant 22 études et 877 181 femmes (dont 163 831 ayant subi une IVG), cette méta-analyse rapporte une augmentation de 81 % du risque de troubles mentaux post-IVG, suggérant un lien direct.

Ces deux perspectives, bien que divergentes, confirment la gravité et la fréquence des troubles, ainsi que leur lien avec des contextes de vie spécifiques.


Pourquoi est-il difficile de prouver un lien direct ?

Établir une causalité directe entre IVG et troubles psychologiques nécessiterait un essai randomisé, ce qui est éthiquement et pratiquement impossible. L’APA souligne que des facteurs préexistants (pauvreté, violence, consommation de drogues) compliquent l’analyse. Cependant, presque toutes les études (à l’exception de une ou deux) montrent une prévalence plus élevée de troubles chez les femmes ayant subi une IVG par rapport à celles poursuivant leur grossesse.

Ne pas prouver la causalité ne signifie pas nier les troubles. Comme le souligne Coleman, l’IVG agit souvent comme « la goutte qui fait déborder le vase », exacerbant des fragilités préexistantes.


Fréquence et gravité des troubles

L’étude de Coleman, regroupant 163 831 IVG, révèle des sur-risques significatifs :

  • Utilisation de marijuana : risque multiplié par 3,3.
  • Idées suicidaires : risque multiplié par 2,55.
  • Surconsommation d’alcool : risque multiplié par 2,1.
  • Dépression et anxiété : risques accrus de 37 % et 34 %.

Environ 34,9 % des suicides et 8,5 % des dépressions post-IVG seraient liés à cet événement, selon cette analyse.


Facteurs aggravants

L’APA identifie plusieurs facteurs augmentant le risque de troubles post-IVG :

  • Manque de soutien de l’entourage.
  • Conscience de la gravité de l’IVG.
  • Faible estime de soi ou antécédents psychologiques.
  • Récidive d’IVG (risque accru de 50 %).

Écouter la souffrance post-IVG

La société fait face à un silence pesant autour de l’IVG, qui nuit à l’accompagnement des femmes, des couples et des familles. Ce silence entraîne :

  • Un accompagnement inadapté lors de grossesses non planifiées.
  • Une ambiguïté dans la mission du corps médical, tiraillé entre éthique de soin et pratique de l’IVG.
  • Des messages confus dans l’éducation affective et sexuelle.

Le corps médical doit protéger à la fois la mère, le père et l’enfant, en particulier dans ces moments de vulnérabilité. Lever le silence permettrait d’améliorer la prise en charge et de réduire les souffrances.


Conclusion

Les témoignages de femmes et les données scientifiques convergent : les troubles psychologiques post-IVG sont fréquents et graves. Face aux grossesses non désirées, il est urgent de proposer un accompagnement plus humain et transparent. En cas d’IVG, un suivi psychologique adapté est essentiel pour aider les femmes à surmonter ce qui peut être un drame majeur. En brisant le silence, la société peut transformer l’annonce d’une grossesse en un moment de soutien et d’attention, pour le bien de tous.

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