Les limites du modèle français de contraception et son impact sur l’IVG
Les échecs contraceptifs sont la première cause d’avortement en France. Tel est le constat cinglant qui se dessine plus de 50 ans après la loi Veil. Déjà en 2010, un rapport de l’IGAS révélait les limites du système français en montrant que 72% des IVG étaient réalisés sur des femmes qui étaient sous contraception, alors que dans 42% des cas, “cette contraception reposait sur une méthode médicale théoriquement très efficace”.
Le modèle français de contraception en échec
Le modèle français de contraception connaît des « taux d’échecs préoccupants », révélait le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), publié en février 2010.
Les auteurs de ce dernier pointaient “la diversification des parcours affectifs et conjugaux, les difficultés d’insertion professionnelle et la précarité économique accrue, la norme croissante de l’enfant « programmé », l’augmentation du recours à l’interruption volontaire de grossesse en cas de conception non prévue…”
Le constat était alors sévère :
« Le contexte français demeure paradoxal : la diffusion massive de la contraception n’a pas fait diminuer le nombre des IVG, qui se maintient aux environs de 200 000 par an (233000 en 2023), et le fonctionnement réel des dispositifs contredit trop souvent la volonté affichée de donner la priorité à une approche préventive. »
Une couverture contraceptive étendue mais imparfaite
La France se caractérise paradoxalement par une couverture contraceptive étendue, constituée à 80 % par des méthodes délivrées sur prescription médicale, avec une forte prédominance de la contraception hormonale orale (pilule). Mais le niveau des échecs contraceptifs est préoccupant : 72 % des IVG sont réalisées sur des femmes qui étaient sous contraception.
Une meilleure couverture contraceptive permet-elle de baisser le taux d’IVG ?
Cette situation n’est pas complètement étonnante, car des travaux de recherche ont montré qu’une augmentation de 50 % de la prévalence de la contraception (c’est-à-dire 50% de femmes en plus qui utilisent un moyen de contraception) ne diminue que de 32 % le nombre d’IVG. En effet, les facteurs qui conduisent à une grossesse imprévue et à la décision de l’interrompre sont multiples, complexes, et échappent pour une large part à l’intervention publique. (WESTOFF C.F. “Contraceptive paths toward the reduction of unintended pregnancy and abortion”. Family Planning Perspectives, 1988, 20).
Conclusion
Le modèle français de contraception, malgré une large couverture, montre des limites, avec 72 % des IVG liées à des échecs contraceptifs en 2021. Les 223 300 avortements annuels soulignent l’urgence d’améliorer l’accompagnement psychologique et l’écoute des femmes.