Julia 29 ans, fait son témoignage de son ivg. Déjà maman d’un enfant de 6 ans, elle tombe enceinte et c’était désiré ! mais elle ne peut envisager sa grossesse et va faire une IVG.
Avortement chirurgical . IVG a 12 semaines
Julia 29 ans, je viens de vous donner mon témoignage de mon ivg a 12 semaines. Déjà maman d’un enfant de 6 ans, je suis tombée enceinte et c’était désiré; Malheureusement, j’ai été sujette à des crises de panique durant le début de grossesse, angoisses terribles, J’étais en train de démarrer un nouveau travail, notre appartement était trop petit, peur de tout, angoisses qui m’ont menée à faire deux mois d’insomnies et perdre 5 kg… L’avortement m’est apparu à un moment donné comme une « solution » pour mettre fin aux angoisses. Mais personne : ni ma famille, ni les médecins ne m’ont expliqué les conséquences d’un IVG a 12 semaines. Au contraire, on m’a poussée dans cette voie mortifère. Je souffrais de dépression et je manifestais des tendances suicidaires à ce moment-là. Seulement j’ai été faire l’avortement comme on se suicide et on m’y a encouragée. Pire, l’avortement a été fait contre mon gré, j’ai voulu refuser mais le médecin m’a menti sur les risques encourus car j’avais mis le cachet qui prepare l’avortement chirurgical dans ma bouche et l’avais craché deux fois. Puis le bloc et l’anesthesie. Je me suis réveillée totalement sonnée dans la chambre d’hôpital. Mon ami était là. J’étais en état de choc ; je ne pensais qu’une chose : fuir cet endroit maudit. Ne pas regarder mon ventre. La médecin est venue. Elle a dit que l’opération était « une réussite ». Elle semblait fière d’elle. Tout s’était « très bien passé » techniquement parlant. Et moi, je la regardais atterrée et je voyais la mort de mon bébé sans résistance et je me demandais comment elle pouvait oser parler de « réussite », ce qu’il pouvait y avoir dans le cerveau de cette femme. Devant nos regards sidérés, elle est partie. Je me suis levée ; le drap était rouge de sang. J’ai dit à mon ami : « on part de là maintenant, on part ». On est parti. Dans la voiture, je lui ai dit de ne plus jamais me parler de ça ou j’en mourrai. Il a dit « c’est comme Orphée quand il sort des enfers, si on se retourne, on meurt ». Depuis, je suis extrêmement malheureuse, je n’arrive pas à me relever de ce traumatisme. Mon enfant me manque, il y a un vide, une sensation d’être « morte de l’intérieur ». Je ne comprends pas pourquoi j’ai fait ça, et encore moins pourquoi tout le monde m’y a encouragé comme si c’était une simple formalité! Nous vivons dans une société inhumaine. Avant, je n’avais pas vraiment d’avis sur l’avortement mais après l’avoir vécu, je suis totalement contre car tout est préférable à cette option!
J’ai écrit la lettre suivante à mon bébé :
Mon bébé, Je t’écris du monde des vivants où tu aurais dû venir aussi. Je voulais d’abord te dire que j’avais désiré t’avoir et que j’étais très heureuse quand j’ai vu que tu avais enfin décidé de venir après six mois, je voulais te remercier de m’avoir fait confiance même si la suite n’a pas été à la hauteur de tes attentes. Je voulais te dire comme j’admire ton courage de t’être accrochée malgré tout ce que je t’ai fait subir, tu étais armée pour la vie, là-dessus, je n’ai aucun doute. Je voulais te dire que je t’ai aimée et admirée pendant ces semaines, aimée d’être venue dans mon ventre, admirée de t’être si bien tenue en vie. Malheureusement, je souffre d’une maladie psychologique qui me fait voir tout en noir. J’ai un côté très destructeur et quand j’ai appris ta venue comme quand j’ai appris celle de ton frère, j’ai complètement paniqué, j’ai été prise d’angoisses énormes et irrationnelles. J’ai longtemps cherché à te sauver de ma maladie mais je n’ai pas réussi mon bébé, je suis désolée, c’est finalement l’hôpital de X…. qui a pris la décision pour moi car j’étais en grande souffrance. Je n’y arrivais plus et malheureusement, nous sommes dans une société inhumaine où l’on n’a pas le droit de tuer les terroristes mais on a le droit de tuer les bébés. Tu n’avais rien fait. Ton père n’a pas su te protéger, il était dépassé et je crois qu’il n’était pas tellement conscient que tu étais là au fond, je crois qu’il n’a rien compris du tout à ce qui se passait. Tes grands-parents n’ont pas su ou pas osé me conseiller car ils me voyaient très mal. J’aimerais maintenant prendre ta place et te donner la mienne car tu méritais infiniment plus que moi de vivre. Je te jure que si je peux mourir pour que tu reviennes, je le ferai immédiatement, reviens mon bébé, je t’en supplie, je ne veux plus vivre moi de toute façon. Ta perte a laissé un vide immense dans mon être, je ne suis plus capable de rien. J’aimerais que tu reviennes dans mon ventre, je te jure que jamais plus je ne te ferai souffrir d’aucune façon et si je dois mourir à l’accouchement, ce ne sera pas grave, je suis déjà morte de toute façon. Mon bébé, tu méritais une bonne mère et tu es tombée moi, je voudrais tellement te voir maintenant, te sentir, te serrer dans mes bras, tu ne peux pas savoir comme je souffre de ton absence, je suis totalement détruite. Je te demande de me pardonner de ne pas t’avoir donné la vie. Tu sais, la vie ici est parfois belle mais souvent très cruelle comme tu le vois, nous sommes dans un monde où l’on peut tuer les bébés. Pardonne ton père, il est très gentil mais les hommes ne comprennent rien aux bébés avant qu’ils naissent, il n’a pas su m’aider ni me calmer. Il n’a pas pu te sauver de moi. Pardonne ta mère, je ne sais pas pourquoi je t’ai fait ça puisque je te voulais, je crois que j’ai eu peur, peur pour moi, peur pour toi que tu souffres autant que j’ai souffert, que tu hérites de tous mes travers. J’espère te revoir bientôt, j’espère venir te voir et que l’on puisse être ensemble. Pardon, j’ai fait quelque chose d’innommable que je ne pensais jamais pouvoir faire et je n’ai pas d’explication à te donner si ce n’est l’enchainement de mes angoisses et le retour de ma dépression et les mauvais conseils que j’ai reçus car personne ne m’a dit qu’avorter c’était te tuer. Je l’ai compris quand j’ai senti ce vide dans mon ventre là où tu étais, là où je te caressais. Je l’ai compris trop tard, j’ai compris qu’avorter c’était te tuer une fois là-bas, sur le moment, je croyais qu’avorter, c’était retourner dans le passé et ne pas tomber enceinte. J’ai tenté d’avertir ton père de toute les façons, je l’ai insulté, traité de c…, je lui ai dit qu’il serait Ligonnès et que je serais Médée mais il n’a rien compris et m’a laissé y aller, il ne comprenait pas que je m’étais dédoublée, que la gentille Julia qui t’aime luttait contre ses démons et il a pris le parti des démons au lieu de m’aider moi. J’ai tenté de te sauver jusqu’au bout de cet horrible hôpital… J’ai demandé de ne pas être avortée mais ils m’avaient fait prendre cet horrible comprimé et le mal était fait, tu ne pouvais plus rien. Ton frère a eu plus de chance. Je ne sais pas comment il va vivre tout ça. Je t’aime mon bébé, je voudrais que tu reviennes, je t’en prie, tu me manques, je voulais te garder mais l’angoisse a pris le dessus sur tout, pardon, je suis tellement désolée… Je t’aimais et je t’ai tuée. Pardon. Je sais que tu aurais été une petite fille extraordinaire. Tu sais, je ne comprends pas moi-même ce qui s’est passé, comment j’ai pu faire ça, j’ai toujours été contre l’avortement et pensé que je ne pourrai jamais faire ça. Je ne comprends pas, cela ne m’excuse pas bien entendu mais je n’ai pas d’explication à te donner. J’étais devenue comme folle, je t’aimais et je faisais tout pour te détruire, pour me détruire, et personne ne s’y opposait comme si c’était normal ! Reviens dans mon ventre, je t’en supplie, je te jure que je ferai tout, tout pour que tu sois bien et vive une belle vie, reviens mon bébé, je t’attends. Ta maman qui t’aime et qui t’a tuée sans savoir pourquoi.