Aurelie 29 ans

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Je m’appelle Aurélie -29 ans- et souhaite d’abord vous remercier votre site, votre association, votre personnel et mon interlocutrice Marie qui a contribué à faire naitre cet enfant, sincèrement. Voici mon témoignage. J’habitais en Irlande depuis des années, et le père de l’enfant était une aventure de deux semaines. Même si on se connaissait depuis deux ans, et nous n’étions déjà plus ensemble. Il était Australien pour compliquer la chose. Le 15 Octobre 2010, je faisais mon test de grossesse et ce jour d’octobre, une massue de 10 tonnes m’est tombée sur la tête. Moi qui avais toujours pris mes précautions ! Pas de réaction, pas de pleurs, pas de cris, pas de battement de cœur. Je suis simplement devenue vide, un zombie… Les larmes sont sorties quelques heures après, lorsque j’ai pensé à mon frère et à ma belle-sœur qui ne pouvaient pas avoir d’enfant. Injuste Nature. J’avais envie de taper partout.
 
Le lendemain, je me renseignais sur toutes les possibilités, absolument toutes, via internet. Une chose était cependant évidente pour moi: je ne pouvais pas prendre de décision sans en parler à « l’autre ». Il était a Londres ce week-end et rentrait le Lundi soir.
 
Le numéro vert du site n’étant pas joignable depuis l’étranger, alors j’ai envoyé un mail le samedi soir pour expliquer ma situation, et ma détresse. J’ai toujours essayé de respecter la Nature, et un avortement me paraissait aller à l’encontre de mon éthique. Mais je ne voulais pas être égoïste, et je me disais que je n’avais pas d’avenir à offrir à cet enfant si je l’élevais seule.
 
Le lendemain soir, j’ai reçu un appel d’IVG.net, qui m’appelait suite à l’email. Elle m’a dit qu’elle pensait que j’avais l’air de quelqu’un qui avait « la tête sur les épaules » et qui avait « la chance de ne pas se soucier du regard des autres, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de jeunes filles qui ont parfois des pressions familiales ». Elle m’a surtout rappelé qu’un bébé, les deux premières années de sa vie, n’a besoin que d’une chose: c’est de l’amour de ses parents, mais surtout de sa maman. Ces mots, je les ai toujours en tête aujourd’hui.
 
Le lendemain soir, j’ai parlé à « L’Autre » concerné par l’Histoire. Sa première réaction, toute naturelle, après un grand silence, fut de me dire que je ne voulais sans doute pas d’un enfant maintenant. Alors je lui ai répondu que ce n’était pas si simple que ca, qu’il y avait des conséquences pour un avortement. Alors il m’a dit que j’avais son soutien émotionnel  et même financier… J’ai de la chance que ce soit arrivé avec quelqu’un comme lui, je le sais.
 
A partir de là, pour moi, je laissais une chance à la Vie. Si je laissais la Nature faire, et si ce bébé était suffisamment fort pour être arrivé là et vouloir vivre, alors il vivrait.
Mais les trois premiers mois de ma grossesse, j’ai vu ma vie et mon avenir s’effondrer. Je suis une voyageuse, je vadrouille, je pars quand bon me semble, sur de longs voyages, souvent sans confort aucun. Voyager est de l’ordre du vital pour moi. Ce bébé c’est comme si on me coupait les ailes.

La grossesse n’a pas été une partie de plaisir.

  1.  Je n’ai rien dit les premières semaines à mes proches, et étant à l’étranger, c’était très difficile. J’ai du donner la nouvelle à mes parents – très conservateurs – par webcam 10 jours avant Noël en impliquant mon frère et ma belle-sœur.
  2. Des problèmes de thyroïde sont apparus des le début de grossesse, je dormais 12 heures par nuit et j’avais l’impression d’avoir fait nuit blanche.
  3. Je suis une femme très indépendante, une voyageuse dans l’âme, et une grossesse pour moi était comme une punition, qui m’empêchait de faire ce que je voulais, quand je le voulais.
  4. Voir mon corps changer alors que je ne m’y étais pas préparé, a été assez difficile à accepter.
  5. Je ne suis pas une « femme à grossesses », aussi je n’y ai pris aucun plaisir. Pendant la grossesse, je parlais au bébé, en lui disant que je préférerais largement l’avoir dans mes bras, que dans mon ventre. Chose vraie à ce jour!
 
En 2011, on a emménagé ensemble avec le père du bébé. Sans être ensemble pour autant, nous n’étions pas compatibles et ne le sommes toujours pas. C’était pour des raisons financières (loyers extrêmement chers en Irlande, aucune aide sociale avec un congé maternité avec zéro euro de salaire), mais aussi car il souhaitait vivre la grossesse au quotidien. Je n’avais pas le droit de l’en priver. Il était présent aussi à l’accouchement. Nous avons vécu ensemble les premiers mois après l’accouchement. Ce n’était pas facile du tout, car à nouveau, nous ne sommes pas compatibles sur bien des points (il dormait aussi jour et nuit lors des deux premiers mois du bébé et me disait qu’il était fatigué, assez difficile a avaler pour moi qui avait une moyenne de 4 heures de sommeil par jour…), mais je faisais ca pour le bien du bébé, pour que l’un et l’autre puisse profiter de l’autre.
 
On s’était mis d’accord avec le père de l’enfant, au tout début de la grossesse, que je rentrerais vivre en France avec le bébé, quand celui-ci aurait un an. Et le père de l’enfant, très justement, m’avait dit que ce serait mieux que l’enfant grandisse en France plutôt qu’en Irlande, pour des raisons évidentes (famille, sante, social, éducation, etc.).
 
Je n’ai pas réussi à tenir un an ! A peine deux mois après la naissance, j’annonçais au père que je rentrerais en France en Janvier 2012, que je ne tiendrais pas plus longtemps. Il a compris, et n’en fut même pas surpris, même si on savait que la séparation père-enfant serait difficile.
 
Aujourd’hui, en mars 2012, je suis en France depuis 3 semaines, avec ma fille de neuf mois, qui se porte a merveille: bébé souriant à souhait avec tout le monde, et calme, chose surprenante quand je repense à tout le stress qu’elle a subit dans mon ventre! Son père vient lui rendre visite ce weekend, il habite toujours en Irlande, et parce qu’il est Australien ne peut pas venir vivre en France comme ca, dans quelques années peut-être. En attendant, ce sera de longs weekends une fois par mois. Je lui laisse mon logement pendant ces périodes, pour que père et fille profitent l’un de l’autre au maximum.
 
Les mois et les années à venir ne seront pas faciles, je le sais, je le savais dès le jour ou nous avions pris la décision de laisser faire la Nature.
 
Pendant ma grossesse, je suis allée seule a Varsovie rendre visite a des amis quelques jours et faire du  ski de fond. Et a 6 mois et demi de grossesse, je suis partie 4 jours en Croatie, ou j’y ai fait deux randonnées légères (28 degrés sous le soleil, un sac a dos, et des kilos dans le ventre, ca freine quand même!).
 
Quand notre fille a eu 4 mois et demi, nous sommes partis avec le bébé et son père en Australie pour qu’il la présente à sa famille, et il souhaitait que je les accompagne. Ce que j’ai fait. Pendant que ma fille était à faire connaissance de sa famille paternelle, je suis partie 12 jours randonner en Nouvelle-Zélande avant de la retrouver en Australie. Sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés 4 jours à Hong-Kong. Et j’ai fait le vol retour en Europe seule avec ma fille pendant que son père partait prendre des vacances à son tour en Thaïlande…
 
Voila, les voyages font toujours partie de ma vie, même avec un bébé! Un bébé, finalement, ca s’adapte a tout, du moment qu’il a une chose, c’est vrai: l’amour de sa mère.
 
Aurelie, 29 ans.


Je m’appelle Aurélie -29 ans- et souhaite d’abord vous remercier votre site, votre association, votre personnel et mon interlocutrice Marie qui a contribué à faire naitre cet enfant, sincèrement. Voici mon témoignage. J’habitais en Irlande depuis des années, et le père de l’enfant était une aventure de deux semaines. Même si on se connaissait depuis deux ans, et nous n’étions déjà plus ensemble. Il était Australien pour compliquer la chose. Le 15 Octobre 2010, je faisais mon test de grossesse et ce jour d’octobre, une massue de 10 tonnes m’est tombée sur la tête. Moi qui avais toujours pris mes précautions ! Pas de réaction, pas de pleurs, pas de cris, pas de battement de cœur. Je suis simplement devenue vide, un zombie… Les larmes sont sorties quelques heures après, lorsque j’ai pensé à mon frère et à ma belle-sœur qui ne pouvaient pas avoir d’enfant. Injuste Nature. J’avais envie de taper partout.
 
Le lendemain, je me renseignais sur toutes les possibilités, absolument toutes, via internet. Une chose était cependant évidente pour moi: je ne pouvais pas prendre de décision sans en parler à « l’autre ». Il était a Londres ce week-end et rentrait le Lundi soir.
 
Le numéro vert du site n’étant pas joignable depuis l’étranger, alors j’ai envoyé un mail le samedi soir pour expliquer ma situation, et ma détresse. J’ai toujours essayé de respecter la Nature, et un avortement me paraissait aller à l’encontre de mon éthique. Mais je ne voulais pas être égoïste, et je me disais que je n’avais pas d’avenir à offrir à cet enfant si je l’élevais seule.
 
Le lendemain soir, j’ai reçu un appel d’IVG.net, qui m’appelait suite à l’email. Elle m’a dit qu’elle pensait que j’avais l’air de quelqu’un qui avait « la tête sur les épaules » et qui avait « la chance de ne pas se soucier du regard des autres, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de jeunes filles qui ont parfois des pressions familiales ». Elle m’a surtout rappelé qu’un bébé, les deux premières années de sa vie, n’a besoin que d’une chose: c’est de l’amour de ses parents, mais surtout de sa maman. Ces mots, je les ai toujours en tête aujourd’hui.
 
Le lendemain soir, j’ai parlé à « L’Autre » concerné par l’Histoire. Sa première réaction, toute naturelle, après un grand silence, fut de me dire que je ne voulais sans doute pas d’un enfant maintenant. Alors je lui ai répondu que ce n’était pas si simple que ca, qu’il y avait des conséquences pour un avortement. Alors il m’a dit que j’avais son soutien émotionnel  et même financier… J’ai de la chance que ce soit arrivé avec quelqu’un comme lui, je le sais.
 
A partir de là, pour moi, je laissais une chance à la Vie. Si je laissais la Nature faire, et si ce bébé était suffisamment fort pour être arrivé là et vouloir vivre, alors il vivrait.
Mais les trois premiers mois de ma grossesse, j’ai vu ma vie et mon avenir s’effondrer. Je suis une voyageuse, je vadrouille, je pars quand bon me semble, sur de longs voyages, souvent sans confort aucun. Voyager est de l’ordre du vital pour moi. Ce bébé c’est comme si on me coupait les ailes.

La grossesse n’a pas été une partie de plaisir.

  1.  Je n’ai rien dit les premières semaines à mes proches, et étant à l’étranger, c’était très difficile. J’ai du donner la nouvelle à mes parents – très conservateurs – par webcam 10 jours avant Noël en impliquant mon frère et ma belle-sœur.
  2. Des problèmes de thyroïde sont apparus des le début de grossesse, je dormais 12 heures par nuit et j’avais l’impression d’avoir fait nuit blanche.
  3. Je suis une femme très indépendante, une voyageuse dans l’âme, et une grossesse pour moi était comme une punition, qui m’empêchait de faire ce que je voulais, quand je le voulais.
  4. Voir mon corps changer alors que je ne m’y étais pas préparé, a été assez difficile à accepter.
  5. Je ne suis pas une « femme à grossesses », aussi je n’y ai pris aucun plaisir. Pendant la grossesse, je parlais au bébé, en lui disant que je préférerais largement l’avoir dans mes bras, que dans mon ventre. Chose vraie à ce jour!
 
En 2011, on a emménagé ensemble avec le père du bébé. Sans être ensemble pour autant, nous n’étions pas compatibles et ne le sommes toujours pas. C’était pour des raisons financières (loyers extrêmement chers en Irlande, aucune aide sociale avec un congé maternité avec zéro euro de salaire), mais aussi car il souhaitait vivre la grossesse au quotidien. Je n’avais pas le droit de l’en priver. Il était présent aussi à l’accouchement. Nous avons vécu ensemble les premiers mois après l’accouchement. Ce n’était pas facile du tout, car à nouveau, nous ne sommes pas compatibles sur bien des points (il dormait aussi jour et nuit lors des deux premiers mois du bébé et me disait qu’il était fatigué, assez difficile a avaler pour moi qui avait une moyenne de 4 heures de sommeil par jour…), mais je faisais ca pour le bien du bébé, pour que l’un et l’autre puisse profiter de l’autre.
 
On s’était mis d’accord avec le père de l’enfant, au tout début de la grossesse, que je rentrerais vivre en France avec le bébé, quand celui-ci aurait un an. Et le père de l’enfant, très justement, m’avait dit que ce serait mieux que l’enfant grandisse en France plutôt qu’en Irlande, pour des raisons évidentes (famille, sante, social, éducation, etc.).
 
Je n’ai pas réussi à tenir un an ! A peine deux mois après la naissance, j’annonçais au père que je rentrerais en France en Janvier 2012, que je ne tiendrais pas plus longtemps. Il a compris, et n’en fut même pas surpris, même si on savait que la séparation père-enfant serait difficile.
 
Aujourd’hui, en mars 2012, je suis en France depuis 3 semaines, avec ma fille de neuf mois, qui se porte a merveille: bébé souriant à souhait avec tout le monde, et calme, chose surprenante quand je repense à tout le stress qu’elle a subit dans mon ventre! Son père vient lui rendre visite ce weekend, il habite toujours en Irlande, et parce qu’il est Australien ne peut pas venir vivre en France comme ca, dans quelques années peut-être. En attendant, ce sera de longs weekends une fois par mois. Je lui laisse mon logement pendant ces périodes, pour que père et fille profitent l’un de l’autre au maximum.
 
Les mois et les années à venir ne seront pas faciles, je le sais, je le savais dès le jour ou nous avions pris la décision de laisser faire la Nature.
 
Pendant ma grossesse, je suis allée seule a Varsovie rendre visite a des amis quelques jours et faire du  ski de fond. Et a 6 mois et demi de grossesse, je suis partie 4 jours en Croatie, ou j’y ai fait deux randonnées légères (28 degrés sous le soleil, un sac a dos, et des kilos dans le ventre, ca freine quand même!).
 
Quand notre fille a eu 4 mois et demi, nous sommes partis avec le bébé et son père en Australie pour qu’il la présente à sa famille, et il souhaitait que je les accompagne. Ce que j’ai fait. Pendant que ma fille était à faire connaissance de sa famille paternelle, je suis partie 12 jours randonner en Nouvelle-Zélande avant de la retrouver en Australie. Sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés 4 jours à Hong-Kong. Et j’ai fait le vol retour en Europe seule avec ma fille pendant que son père partait prendre des vacances à son tour en Thaïlande…
 
Voila, les voyages font toujours partie de ma vie, même avec un bébé! Un bébé, finalement, ca s’adapte a tout, du moment qu’il a une chose, c’est vrai: l’amour de sa mère.
 
Aurelie, 29 ans.