Louise, 25 ans, garde une blessure forte de son IVG, bien qu’elle ait été bien entourée
J’ai été bien entouré pour mon IVG
Louise, j’ai 25 ans et ça fait 2 ans que j’ai pratiqué une ivg médicamenteuse. Je voudrais témoigner aujourd’hui pour dire tout ce que je ne peux pas dire aux personnes qui m’entourent… Cela fait deux ans que j’ai fait une IVG médicamenteuse. Je ne m’en suis toujours pas remise complètement et je pense que ça n’arrivera plus d’ailleurs. Le personnel médical a été formidable avec moi, c’est un plus je pense, car ce n’est pas le cas partout. C’est douloureux physiquement (douleur au ventre et température pour ma part) et psychologiquement de “juste avaler deux médicaments” ! Mon ami de l’époque a été présent du début à la fin, ma meilleure amie aussi. Mais comment dire… Ce n’est jamais suffisant.
Malheureusement ça ne m’a pas empêché de plonger et de culpabiliser
Au début, je savais que je portais un petit être en moi sans même avoir fait de test de grossesse : je « le sentais ». C’est bizarre d’ailleurs, puis après ça c’est confirmé. Et là, gros moment de doute et personne n’a pu m’aider dans mon choix. Je touchais mon ventre tellement de fois, des insomnies, je lui disais que je l’aimais et je pleurais toutes les larmes de mon corps. C’était horrible car je savais que je n’allais pas le garder car je n’allais pas lui offrir « tout ce dont à besoin un enfant… » Je me suis renfermée sur moi-même. J’ai démissionné. Je ne prenais plus soin de moi, j’étais au plus bas.
Aujourd’hui, je vais mieux, mais la douleur perdure
Aujourd’hui je vais mieux, j’ai repris le dessus. J’ai eu tellement honte de le dire à ma mère que je lui ai dit par message en gros : « maman, oui, je ne vais pas bien ! je suis désolé, j’ai perdu un bébé, laisse-moi du temps, s’il te plaît… » Elle a compris mais ne m’en a jamais reparlé. Car oui, les gens qui vous entourent voient très bien que ça ne va pas mais j’ai été seule quand même avec moi-même et ma douleur. J’ai pleuré, j’ai déprimé, personne n’a compris. J’ai préféré ne pas en parler. J’ai compté les mois, je les compte encore. Tous les ans, je vais ressentir cette douleur à l’intérieur de moi, c’est autant physique que psychologique. Les dates restent dans la tête, on ne les oublie pas. Je ne l’oublie pas. Je l’ai aimé, pas de la meilleure des façons mais je l’ai aimé. Cet être que je n’ai pas connu et que je ne connaîtrai jamais, il fait partie de moi et de mon histoire. Le plus difficile c’est d’en parler pour moi. Il me manque quelque chose…
J’ai un nouveau projet de bébé, mais le souvenir de mon IVG m’angoisse
C’était « mon choix » que j’assume mais j’ai mal chaque jour. Après deux ans, j’ai un nouveau conjoint qui n’est pas au courant. Je n’arrive pas à lui en parler, c’est très compliqué… Mais nous avons des projets et un bébé en fait partie. Et à présent, je suis prête mais j’ai peur, très peur, c’est incommensurable. Peur de ne pas aimer le bébé, de refaire une dépression en vivant les mêmes instants de grossesse. Je suis rempli d’angoisse et j’ai personne pour m’aider. C’est une épreuve très difficile mais je vais de l’avant, tout en y pensant tous les jours malgré tout. Je souhaite plein de courage aux personnes qui ont eu une ivg car ce n’est pas anodin. Et il faut avoir la force d’avancer !
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