Ophelie 27 ans

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J’ai 27 ans et je voudrais aujourd’hui témoigner de mon histoire par écrit et aussi en vidéo ici .

Je veux témoigner tout d’abord pour poser des mots sur mes actes et ensuite dans l’espoir que d’autres femmes liront ce témoignage avant de prendre une décision aussi importante que celle que j’ai prise : avorter. Fille d’une psychiatre et d’un psychanalyste, il me semble avoir une conscience assez importante des effets psychologiques que peuvent engendrer certains de nos actes et de nos paroles.Et pourtant ces effets là, je ne m’y attendais pas du tout.

– «  Maman, je suis enceinte d’un mois, je sais que j’ai déconné, je croyais qu’à Moi cela ne m’arriverait pas, j’avais confiance dans le destin. Alors, je vais avorter c’est logique c’est la seule solution, je veux d’abord me réaliser en tant que femme, j’ai toujours dit que ma passion artistique et ma carrière passeraient avant un enfant ».

– «  Oh ma chérie ne t’inquiète pas, ce n’est rien, moi j’ai avorté deux fois, et le lendemain j’étais sur pied et en pleine forme ! »

– «  Mais maman, c’est quand même un être vivant qui est en moi, ce n’est pas si facile… »

– «  Mais non, au bout d’un mois il n’a pas encore de cerveau, ce n’est qu’un embryon, seulement le résultat d’un spermatozoïde qui a fécondé l’ovule, rien de plus ! Et puis rassure toi tu es forte comme ta maman, cela ira très bien. »

Très bien, j’en étais convaincue. Au bout de 5 minutes après avoir fait le test, je sentais que pour moi ce n’était pas le moment. Je venais de quitter mon ex-ami avec qui j’étais en relation depuis 3 ans  pour un homme qui avait été pour moi une rencontre bouleversante. Une magnifique histoire d’amour commençait avec ce que cela comportait de difficultés : cet homme était marié depuis 14 ans , avait deux enfants et 24 ans de plus que moi.

A l’annonce de ma grossesse et de ma décision de ne pas garder l’enfant, cela a été un choc pour lui. Pendant les semaines qui ont suivi, il a tout fait pour m’en empêcher. Cela a été notre premier conflit, plutôt intense !! Je crois que s’il n’avait pas eu déjà deux enfants, il aurait pu faire une grave bêtise. Pour lui qui m’aimait si profondément et qui était prêt à assumer toutes les conséquences de cette naissance, l’avortement était un meurtre.

Il m’a fait part plusieurs fois de ses craintes qu’il avait pour moi, de la violence des conséquences de ce geste pour mon âme, pour ma vie, pour ma conscience.

A ce moment là, j’ai senti que nous n’étions pas du tout sur la même longueur d’onde, je me sentais complètement incomprise et finalement lui aussi.Et pourtant, l’amour a pris le dessus, il m’a soutenu comme il le pouvait et a même été présent à mes côtés à l’hôpital lors de « l’éjection » du fœtus.

 

Artiste, j’étais au moment où je suis tombée enceinte, en plein engagement pour moi à l’étranger, et je n’avais même pas le temps de retourner en France pour avorter « tranquillement ».

Je me suis donc rendue à l’hôpital de la ville où j’habitais (pays où l’avortement est légal) et pour la somme de 400 euros au noir ( !) j’ai pu avorter par médicament.

Ma première et primordiale question à l’infirmière avant de prendre ces médicaments était de savoir quels étaient les effets secondaires car j’avais le soir même un engagement professionnel et le lendemain également.

La réponse était : AUCUN effet secondaire.
Finalement elle avait raison, le médicament en lui-même n’a aucun effet secondaire, c’est bien l’acte en lui même qui en a.
Je me suis donc retrouvée le 15 mai 2013 seule comme une grande, en pleine conscience et détermination, à l’hôpital entre deux activités professionnelles et je me revois encore comme si c’était hier regardant les deux cachets dans ma main, en me disant que ces deux petits cachets allaient tout arrêter d’un coup. Leur action était de te tuer le fœtus.

«  C’est quand même un cœur qui bat » m’a dit l’infirmière.

J’ai dû sortir dehors quelques instants pleurer un bon coup, demandant à l’homme que j’aimais et à cet enfant de me pardonner. J’avais vraiment la sensation que c’était la bonne solution pour moi.

Je suis rentrée de nouveau dans la pièce et j’ai avalé les deux cachets d’un coup, sans réfléchir plus longtemps.
Sortie de l’hôpital, j’ai presque culpabilisé de ne rien sentir, aucun effet de plus de mon acte. J’ai retrouvé une amie, j’ai de nouveau pleuré dans ses bras et je suis retournée à mes activités professionnelles, pas très vaillante quand même.
Je me suis couchée seule plutôt sereine.

Le lendemain matin une journée entière, intense professionnellement, m’attendait et le surlendemain une matinée à l’hôpital m’attendait pour « éjecter » définitivement le fœtus.

Mais c’est là que tout a commencé. Je me suis levée et à peine quelques minutes après être debout, j’ai senti un grand étourdissement m’envahir, des nausées, une peur existentielle terrible. J’avais l’impression que si je fermais les yeux j’allais mourir. Une amie thérapeute qui habitait avec moi a été présente à mes côtés et a essayé de m’apaiser, de m’aider à respirer profondément. Elle avait tout de suite compris que je vivais une crise d’angoisse.
Je crois que j’ai senti en moi ce bébé mourir, et avec, une partie de moi. J’ai dû annuler toute ma journée de travail et mon ami m’a rejoint. Je ne pouvais pas bouger du lit, je n’ai rien mangé de la journée.
Le lendemain à l’hôpital, j’ai eu de la chance dans mon malheur car le fœtus est sorti très rapidement après la prise des médicaments. Mais de fortes et insupportables douleurs dans le bas ventre m’ont accompagnée toute la journée, malgré les Spasfons.

J’avais prévu seulement un week-end pour me reposer, et encore avec un petit engagement professionnel à honorer le dimanche matin.

Crise de panique, j’ai dû rentrer à la maison et abandonner mon engagement.

Je passe les détails journaliers, mais cet état a duré tout l’été allant de plus en plus fort. J’ai même atterri aux urgences pensant que j’avais quelque chose de grave, évidemment à part un ventre terriblement douloureux et un estomac qui n’arrivait plus rien à digérer, mon état physiologique était complètement normal.
Chaque crise était une incompréhension totale.

Etourdissement, poids dans la poitrine, ralentissement de mes gestes, fourmis parfois, nausées, mal au ventre, regard « qui part », peur de devenir folle, envie de mourir. Juste pour ne plus rien sentir.

Mon ami souvent présent à mes côtés se sentait totalement impuissant et personne ne pouvait rien faire pour moi. On a mis mon état sur le compte de trop d’émotions et de travail ces derniers mois, croyant qu’il fallait que je me repose. Mais cela n’a évidemment pas suffi.

Et puis sur les conseils de ma belle-mère et d’un médecin généraliste consulté en urgence pour obtenir un arrêt de travail, n’en pouvant plus et ne sachant plus quelle solution naturelle trouver, j’ai accepté de prendre des antidépresseurs, moi qui refusais jusque là de prendre un doliprane lorsque j’avais mal à la tête.

Effets secondaires terribles des anti-dépresseurs, mon état a mis plusieurs mois à s’améliorer. Entre temps, j’ai eu le temps de refaire toute ma vie dans ma tête, de remettre tout en question, y compris ma passion professionnelle et évidemment mon couple.
J’ai même pensé que c’était cela qui pouvait être à l’origine de mon état. Pas de chance pour moi, au même moment, ma maman était atteinte d’une grave maladie et était hospitalisée pendant des mois. J’avais donc de quoi justifier mon état avec toutes ces raisons extérieures !

J’ai été voir un psy plusieurs fois, j’ai fait du travail énergétique, j’ai commencé à méditer sérieusement, etc.

Mais à chaque fois qu’une nouvelle crise d’angoisse se manifestait, je n’en comprenais pas la cause ! Il n’y avait aucun facteur déclencheur apparent !!

Il y a seulement deux semaines, quelques jours avant Noël, j’étais auprès de ma mère. Je suis partie en ville faire quelques courses et de nouveau progressivement cet état s’est fait sentir. Je suis rentrée chez elle, elle a tout de suite senti que quelque chose n’allait pas. Je me suis mise à pleurer, je ressentais de la colère face à cette incompréhension de mon état ! Et je me suis mise sur internet à chercher des choses, tout d’abord sur les hormones, et puis j’ai juste tapé : «  Conséquences d’un avortement ». Et là je suis tombée sur un site où j’ai ENFIN compris. Tous mes symptômes étaient écrits, noir sur blanc. Oui TOUT mon mal-être était bien dû à cet avortement. J’ai poursuivi mes recherches et je suis tombée sur un site conçu par un psychiatre spécialise dans les deuils. Et là, j’ai compris ce que je devais faire. Je devais suivre les étapes d’un processus de deuil.  Ce n’est pas un proche que j’ai perdu, c’est un être que je ne connais pas et que je ne connaitrai jamais. Et malgré tout ce dont j’ai pu me défendre aujourd’hui, cet être c’est moi et moi seule qui ai décidé de mettre un terme à sa vie.

Culpabilité, colère, tristesse, désespoir, toutes ces émotions sont normales à la suite d’un décès. Notre cerveau est suffisamment intelligent pour avoir mis en place un processus naturel qui est le processus de deuil. Il commence donc tout seul suite à la mort d’un être aimé.

C’est donc cela que je vis aujourd’hui. Maintenant je sais ce qui se passe en moi et je suis ce processus de manière consciente pour pouvoir petit à petit intégrer ce que j’ai vécu et la mort de cet enfant.

Je témoigne aujourd’hui que l’avortement dans notre société est un acte tellement banalisé mais que PERSONNE dans le milieu du médical qui m’a entouré n’a prononcé une seule fois le terme de Traumatisme post-abortif. Et pourtant je suis une parmi tant d’autres touchée par ce syndrome qui est relativement tabou.

Je me suis longtemps sentie au cours de ces derniers mois punie ou maudite à cause de ce que j’avais fait. Peut-être que si j’avais su que tout ce que je ressentais était « normal », cela aurait relativisé un peu mes souffrances et m’aurait évité de me retrouver aux urgences d’un hôpital, pensant que j’avais une pathologie autre.

Je me promets de ne jamais revivre ce que j’ai vécu et que je ne souhaite à aucune femme de vivre.

J’ai 27 ans et je voudrais aujourd’hui témoigner de mon histoire par écrit et aussi en vidéo ici .

Je veux témoigner tout d’abord pour poser des mots sur mes actes et ensuite dans l’espoir que d’autres femmes liront ce témoignage avant de prendre une décision aussi importante que celle que j’ai prise : avorter. Fille d’une psychiatre et d’un psychanalyste, il me semble avoir une conscience assez importante des effets psychologiques que peuvent engendrer certains de nos actes et de nos paroles.Et pourtant ces effets là, je ne m’y attendais pas du tout.

– «  Maman, je suis enceinte d’un mois, je sais que j’ai déconné, je croyais qu’à Moi cela ne m’arriverait pas, j’avais confiance dans le destin. Alors, je vais avorter c’est logique c’est la seule solution, je veux d’abord me réaliser en tant que femme, j’ai toujours dit que ma passion artistique et ma carrière passeraient avant un enfant ».

– «  Oh ma chérie ne t’inquiète pas, ce n’est rien, moi j’ai avorté deux fois, et le lendemain j’étais sur pied et en pleine forme ! »

– «  Mais maman, c’est quand même un être vivant qui est en moi, ce n’est pas si facile… »

– «  Mais non, au bout d’un mois il n’a pas encore de cerveau, ce n’est qu’un embryon, seulement le résultat d’un spermatozoïde qui a fécondé l’ovule, rien de plus ! Et puis rassure toi tu es forte comme ta maman, cela ira très bien. »

Très bien, j’en étais convaincue. Au bout de 5 minutes après avoir fait le test, je sentais que pour moi ce n’était pas le moment. Je venais de quitter mon ex-ami avec qui j’étais en relation depuis 3 ans  pour un homme qui avait été pour moi une rencontre bouleversante. Une magnifique histoire d’amour commençait avec ce que cela comportait de difficultés : cet homme était marié depuis 14 ans , avait deux enfants et 24 ans de plus que moi.

A l’annonce de ma grossesse et de ma décision de ne pas garder l’enfant, cela a été un choc pour lui. Pendant les semaines qui ont suivi, il a tout fait pour m’en empêcher. Cela a été notre premier conflit, plutôt intense !! Je crois que s’il n’avait pas eu déjà deux enfants, il aurait pu faire une grave bêtise. Pour lui qui m’aimait si profondément et qui était prêt à assumer toutes les conséquences de cette naissance, l’avortement était un meurtre.

Il m’a fait part plusieurs fois de ses craintes qu’il avait pour moi, de la violence des conséquences de ce geste pour mon âme, pour ma vie, pour ma conscience.

A ce moment là, j’ai senti que nous n’étions pas du tout sur la même longueur d’onde, je me sentais complètement incomprise et finalement lui aussi.Et pourtant, l’amour a pris le dessus, il m’a soutenu comme il le pouvait et a même été présent à mes côtés à l’hôpital lors de « l’éjection » du fœtus.

 

Artiste, j’étais au moment où je suis tombée enceinte, en plein engagement pour moi à l’étranger, et je n’avais même pas le temps de retourner en France pour avorter « tranquillement ».

Je me suis donc rendue à l’hôpital de la ville où j’habitais (pays où l’avortement est légal) et pour la somme de 400 euros au noir ( !) j’ai pu avorter par médicament.

Ma première et primordiale question à l’infirmière avant de prendre ces médicaments était de savoir quels étaient les effets secondaires car j’avais le soir même un engagement professionnel et le lendemain également.

La réponse était : AUCUN effet secondaire.
Finalement elle avait raison, le médicament en lui-même n’a aucun effet secondaire, c’est bien l’acte en lui même qui en a.
Je me suis donc retrouvée le 15 mai 2013 seule comme une grande, en pleine conscience et détermination, à l’hôpital entre deux activités professionnelles et je me revois encore comme si c’était hier regardant les deux cachets dans ma main, en me disant que ces deux petits cachets allaient tout arrêter d’un coup. Leur action était de te tuer le fœtus.

«  C’est quand même un cœur qui bat » m’a dit l’infirmière.

J’ai dû sortir dehors quelques instants pleurer un bon coup, demandant à l’homme que j’aimais et à cet enfant de me pardonner. J’avais vraiment la sensation que c’était la bonne solution pour moi.

Je suis rentrée de nouveau dans la pièce et j’ai avalé les deux cachets d’un coup, sans réfléchir plus longtemps.
Sortie de l’hôpital, j’ai presque culpabilisé de ne rien sentir, aucun effet de plus de mon acte. J’ai retrouvé une amie, j’ai de nouveau pleuré dans ses bras et je suis retournée à mes activités professionnelles, pas très vaillante quand même.
Je me suis couchée seule plutôt sereine.

Le lendemain matin une journée entière, intense professionnellement, m’attendait et le surlendemain une matinée à l’hôpital m’attendait pour « éjecter » définitivement le fœtus.

Mais c’est là que tout a commencé. Je me suis levée et à peine quelques minutes après être debout, j’ai senti un grand étourdissement m’envahir, des nausées, une peur existentielle terrible. J’avais l’impression que si je fermais les yeux j’allais mourir. Une amie thérapeute qui habitait avec moi a été présente à mes côtés et a essayé de m’apaiser, de m’aider à respirer profondément. Elle avait tout de suite compris que je vivais une crise d’angoisse.
Je crois que j’ai senti en moi ce bébé mourir, et avec, une partie de moi. J’ai dû annuler toute ma journée de travail et mon ami m’a rejoint. Je ne pouvais pas bouger du lit, je n’ai rien mangé de la journée.
Le lendemain à l’hôpital, j’ai eu de la chance dans mon malheur car le fœtus est sorti très rapidement après la prise des médicaments. Mais de fortes et insupportables douleurs dans le bas ventre m’ont accompagnée toute la journée, malgré les Spasfons.

J’avais prévu seulement un week-end pour me reposer, et encore avec un petit engagement professionnel à honorer le dimanche matin.

Crise de panique, j’ai dû rentrer à la maison et abandonner mon engagement.

Je passe les détails journaliers, mais cet état a duré tout l’été allant de plus en plus fort. J’ai même atterri aux urgences pensant que j’avais quelque chose de grave, évidemment à part un ventre terriblement douloureux et un estomac qui n’arrivait plus rien à digérer, mon état physiologique était complètement normal.
Chaque crise était une incompréhension totale.

Etourdissement, poids dans la poitrine, ralentissement de mes gestes, fourmis parfois, nausées, mal au ventre, regard « qui part », peur de devenir folle, envie de mourir. Juste pour ne plus rien sentir.

Mon ami souvent présent à mes côtés se sentait totalement impuissant et personne ne pouvait rien faire pour moi. On a mis mon état sur le compte de trop d’émotions et de travail ces derniers mois, croyant qu’il fallait que je me repose. Mais cela n’a évidemment pas suffi.

Et puis sur les conseils de ma belle-mère et d’un médecin généraliste consulté en urgence pour obtenir un arrêt de travail, n’en pouvant plus et ne sachant plus quelle solution naturelle trouver, j’ai accepté de prendre des antidépresseurs, moi qui refusais jusque là de prendre un doliprane lorsque j’avais mal à la tête.

Effets secondaires terribles des anti-dépresseurs, mon état a mis plusieurs mois à s’améliorer. Entre temps, j’ai eu le temps de refaire toute ma vie dans ma tête, de remettre tout en question, y compris ma passion professionnelle et évidemment mon couple.
J’ai même pensé que c’était cela qui pouvait être à l’origine de mon état. Pas de chance pour moi, au même moment, ma maman était atteinte d’une grave maladie et était hospitalisée pendant des mois. J’avais donc de quoi justifier mon état avec toutes ces raisons extérieures !

J’ai été voir un psy plusieurs fois, j’ai fait du travail énergétique, j’ai commencé à méditer sérieusement, etc.

Mais à chaque fois qu’une nouvelle crise d’angoisse se manifestait, je n’en comprenais pas la cause ! Il n’y avait aucun facteur déclencheur apparent !!

Il y a seulement deux semaines, quelques jours avant Noël, j’étais auprès de ma mère. Je suis partie en ville faire quelques courses et de nouveau progressivement cet état s’est fait sentir. Je suis rentrée chez elle, elle a tout de suite senti que quelque chose n’allait pas. Je me suis mise à pleurer, je ressentais de la colère face à cette incompréhension de mon état ! Et je me suis mise sur internet à chercher des choses, tout d’abord sur les hormones, et puis j’ai juste tapé : «  Conséquences d’un avortement ». Et là je suis tombée sur un site où j’ai ENFIN compris. Tous mes symptômes étaient écrits, noir sur blanc. Oui TOUT mon mal-être était bien dû à cet avortement. J’ai poursuivi mes recherches et je suis tombée sur un site conçu par un psychiatre spécialise dans les deuils. Et là, j’ai compris ce que je devais faire. Je devais suivre les étapes d’un processus de deuil.  Ce n’est pas un proche que j’ai perdu, c’est un être que je ne connais pas et que je ne connaitrai jamais. Et malgré tout ce dont j’ai pu me défendre aujourd’hui, cet être c’est moi et moi seule qui ai décidé de mettre un terme à sa vie.

Culpabilité, colère, tristesse, désespoir, toutes ces émotions sont normales à la suite d’un décès. Notre cerveau est suffisamment intelligent pour avoir mis en place un processus naturel qui est le processus de deuil. Il commence donc tout seul suite à la mort d’un être aimé.

C’est donc cela que je vis aujourd’hui. Maintenant je sais ce qui se passe en moi et je suis ce processus de manière consciente pour pouvoir petit à petit intégrer ce que j’ai vécu et la mort de cet enfant.

Je témoigne aujourd’hui que l’avortement dans notre société est un acte tellement banalisé mais que PERSONNE dans le milieu du médical qui m’a entouré n’a prononcé une seule fois le terme de Traumatisme post-abortif. Et pourtant je suis une parmi tant d’autres touchée par ce syndrome qui est relativement tabou.

Je me suis longtemps sentie au cours de ces derniers mois punie ou maudite à cause de ce que j’avais fait. Peut-être que si j’avais su que tout ce que je ressentais était « normal », cela aurait relativisé un peu mes souffrances et m’aurait évité de me retrouver aux urgences d’un hôpital, pensant que j’avais une pathologie autre.

Je me promets de ne jamais revivre ce que j’ai vécu et que je ne souhaite à aucune femme de vivre.